Climathon, semaine 37: On a enfin effacé les climatosceptiques

Publié le 16 septembre 2015 dans Environnement
Par Benoit Rittaud
et le jury du Climathon (qui soutient activement le Collectif des climato-réalistes)



Vous ne voyez plus de climatosceptiques dans les médias ? Rien de plus normal, on ne les invite plus !









Disparus ! Partis ! Envolés les climatosceptiques ! Nous voilà enfin tranquilles pour propagander informer en paix sur le climat !

La pièce maîtresse de propagande de cette semaine est signée de Yann Verdo pour Les Échos, qui s’arroge le titre de vainqueur de la semaine 37 conjointement avec Hervé Le Treut qui a prêté main forte à ce beau moment de militantisme intégral journalisme objectif.


Titré « Mais où sont donc passés les climatosceptiques ? », l’article récompensé cette semaine fait mine de s’étonner de l’absence des climatosceptiques de la scène médiatique, sans se poser la question d’un éventuel ostracisme à leur endroit. Et pour aborder la question, rien de tel que de poser la question à Hervé le Treut, l’un des carbocentristes les plus en vue, qui a à ce sujet une opinion parfaitement neutre comme on s’en doute. Ayant comme il se doit consulté uniquement une personne autorisée à parler, le journaliste ne risquait pas d’être contredit en comparant les climatosceptiques aux créationnistes, sans bien entendu avancer le plus petit début de preuve. Citant sans honte de façon décidée les 97% de consensus (plus précisément 97,1% nous apprend le journaliste, qui ne plaisante décidément pas avec la précision), déformant sans vergogne remettant à leur juste place les élucubrations des sceptiques sur le soleil, le journaliste peut s’appuyer sur un Hervé Le Treut au mieux de sa forme, qui ne manque pas de lâcher plusieurs de ces traits involontairement ambigus devenus sa marque de fabrique:

« Aujourd’hui, explique Hervé Le Treut, les gaz à effet de serre émis par l’homme sont tels que leur impact sur le climat mondial est d’une force équivalente à celle de l’ensemble des facteurs naturels de variabilité climatique, qu’il s’agisse des mouvements des océans et de l’atmosphère ou des cycles solaires. C’est ce qui rend la situation actuelle si délicate à analyser correctement ».


Ne nous dites tout de même pas que vous avez du mal à analyser correctement la situation actuelle: Et les 97,1%, alors ? N’ayez pas peur des mots: Le plateau de températures de quinze ou vingt ans, c’est rien qu’une invention des mesures satellitaires. En plus, depuis qu’on nous a fait le coup des Américains sur la Lune, on va plus nous la faire avec les satellites, maintenant, hein ! Après tout, Yann Verdo écrit

« Comme le créationnisme, avec lequel il partage certains traits, le climato-scepticisme… »


Alors vu que c’est open bar, allons-y carrément:

« Comme les tenants du Moon Land Hoax, avec lesquels ils partagent certains traits, les carbocentristes… »


Comme on le sait depuis longtemps, les carottes de glace montrent que l’évolution de la température précède celle du gaz carbonique. D’où l’idée satanique de certains climatosceptiques: Et si c’était la température le moteur et le CO2 l’effet, et non l’inverse ? Yann Verdo tient la réponse, qui tient en un lien logique imparable qui dit ceci: « Il est tout à fait possible d’imaginer ». Voici ce lien logique dans son contexte:


« Sur le temps long de la géologie, la première cause des changements climatiques est l’évolution des paramètres astronomiques – la façon dont la Terre tourne autour du Soleil et sur elle-même, son inclinaison par rapport à l’écliptique, etc. Mais ces « forçages » (comme disent les climatologues) astronomiques n’agissent pas seuls ; à leurs effets s’ajoutent des rétroactions de toutes sortes. Ainsi, il est tout à fait possible d’imaginer qu’un changement dans l’inclinaison de la Terre ait, à une époque donnée, davantage exposé l’un de ses pôles – mettons, le pôle Sud – aux rayons du soleil. Le réchauffement de cette région et l’évaporation­consécutive augmentent la teneur en CO2 de cet hémisphère. Mais ce gaz circule et gagne l’autre hémisphère, qu’il réchauffe à son tour, par effet de serre cette fois. Il y a eu rétroaction ».


Avec une telle démonstration, on comprend que le journaliste ne puisse s’empêcher de lancer que:

« Les raccourcis simplificateurs et ten­dancieux des climato-sceptiques exaspèrent les climatologues orthodoxes, qui n’y peuvent mais ».


La fin de l’article est une splendide coproduction entre le journaliste et l’interviewé, le second décrétant une bonne fois pour toutes la fin du droit à s’interroger, tandis que le premier nous présente la seule question qui demeure autorisée sur le sujet: Comment faire de la COP21 un succès.

« J’en veux aux climato-sceptiques et aux médias d’avoir confisqué le mot de ­ »sceptique » à leur seul usage, regrette Hervé Le Treut. Tout chercheur digne de ce nom devrait s’afficher comme sceptique, puisque le doute est l’essence même de la démarche scientifique. Mais pour autant, nous ne ­pouvons passer notre temps à ressasser des débats techniques qui ont été tranchés depuis longtemps et sont désormais ­enseignés en masters. Que nous débattions, oui ! Mais à condition que ce soit sur les vraies questions ».


... En clair, sur les enjeux (économiques, sociaux, politiques…) du réchauffement et les mesures à prendre pour le limiter. Espérons que la COP 21 sera l’occasion de le faire ».


Ça a le mérite d’être clair.


Les accessits de la semaine


Le Commandeur des Croyants se penche lui aussi sur le problème de la disparition des climatosceptiques, et dresse ainsi le constat, au détour d’une interview dans Capital, que« globalement, l’ennemi que nous avions encore au moment de Copenhague, le climatoscepticisme, est résorbé ». Outre l’utilisation d’une rhétorique guerrière toute en nuance qui montre son attachement au doute fondateur dans la démarche scientifique (à l’image d’Hervé Le Treut), on croit déceler un petit regret à l’idée de la disparition de ces opposants, si pratique pour justifier les échecs répétés des grandes sauteries internationales. Rassurons toutefois Nicolas Hulot: le climato-réalisme est en marche, le Commandeur retrouvera donc bientôt un petit caillou dans sa chaussure.


Au moment de l’afflux de réfugiés en Europe, les Sauveurs de la Planète ne pouvaient pas rester indifférents et se sont donc empressés de récupérer l’affaire: Il est donc maintenant établi qu’on observe actuellement les premiers exemples de réfugiés climatiques. En fidèle porteur de la Bonne Parole, le Journalderéférence a donc fait le point, avec son objectivité habituelle:

« L’afflux de migrants et de réfugiés cherchant asile en Europe est aujourd’hui principalement causé par les guerres civiles et l’effondrement des États au Moyen-Orient, mais le rôle du climat, bien qu’impossible à chiffrer, est plus que probable ».


(Pour une définition de « plus que probable », merci de consulter le dictionnaire GIEC-français).


« « La part attribuable au changement climatique dans ces migrations ne peut pas à l’heure actuelle être évaluée », rappelle toutefois François Gemenne, chercheur (Sciences Po, université de Versailles-Saint-Quentin) en sciences politiques et spécialiste des migrations environnementales. (…) « Toutefois, il y a un consensus pour dire que le climat est un facteur de déstabilisation, qu’il y a un lien fort entre climat et sécurité », dit François Gemenne ».


Autrement dit, on n’en sait rien, on ne sait pas combien, mais c’est-vrai-croyez-nous-sur-parole. Ça s’appelle un consensus.



Heureusement pour le Climathon, il existe des journalistes pour s’affranchir des inutiles précautions du Journalderéférence. Ainsi de Stéphane Paoli, présentateur d’Agora sur France Inter qui, lors de l’émission du 6 septembre a déclaré, avec sa solennité coutumière:

« Chaque seconde, je pèse mes mots, hein, chaque seconde il existe un réfugié climatique de plus aujourd’hui. Chaque seconde. L’ONU a fait une enquête et une projection. D’ici à 2050, il y aura chaque année 250 millions de réfugiés climatiques par an de plus. Chaque année ».


Bon, l’écart entre la première partie de la citation (environ 31,5 millions de réfugiés par an) et la seconde n’est que d’un facteur 8, une paille. Mais la seconde partie de la citation est vraiment impressionnante: 250 millions par an à partir de 2015, cela fait 9 milliards en 2050, soit l’estimation de la totalité de la population mondiale à cette date. C’est donc prouvé: Nous sommes tous des réfugiés climatiques.


Le président français François Hollande, quant à lui, a bien compris le danger mortel que faisait peser sur la Grande Cause Climatique la crise des migrants. Quelle angoisse à l’idée que celle-ci soit définitivement éclipsée par celle-là dans le cœur de nos concitoyens, à quelques semaines de sa si belle conférence internationale ! En fin politique, il a toutefois aussi senti l’opportunité inespérée qu’elle pouvait représenter et a donc judicieusement rappelé que la crise des migrants ne devait pas faire oublier les changements climatiques, affirmant même carrément que c’était la première cause d’exode.


C’est avec la plus parfaite indécente ingénuité que de nombreux compétiteurs n’ont pas hésité à lui emboîter le pas, pour tirer eux aussi partie de l’élan compassionnel généré par la publication de la photo du malheureux Aylan retrouvé noyé sur les côtes turques. Le renouvellement de genre est bienvenu, il nous change des photos d’ours blanc isolés sur leurs banquises fondantes ou des déserts arides au sol tout craquelé. Roule coco, finalement, ça aussi c’est du réchauffement climatique.


Dans cette veine, et boostée par sa victoire éclatante de la dernière semaine, c’est avec une énergie décuplée que Ségolène a abordé une interview retentissante à France Info. Alors qu’elle s’était arrogée le titre en semaine 36 à l’aide d’une formule concise mais efficace, elle a cette fois renouvelé sa stratégie pour se lancer dans de longues et savoureuses tirades, laissant pantois les auditeurs, et n’en doutant pas, les autres compétiteurs. Elle assène ainsi sans frémir (1’35) que « plus de la moitié des mouvements de population à l’échelle de la planète sont dus aux problèmes climatiques ». Répondant à une timide intervention du journaliste lui rappelant que « Ici, ils fuient la guerre », elle enchaîne sans honte avec brio: « Ils fuient la guerre en ce moment, bien évidemment, mais je vous parle à l’échelle planète. Plus de la moitié des migrations viennent des dérèglements climatiques ». Elle enfonce alors le clou:

« La question de la lutte contre le dérèglement climatique c’est aussi une question de sécurité planétaire. Il faut savoir qu’aujourd’hui nous vivons comme si nous avons 3 planètes. Or en 2050 il va y avoir 9 milliards d’habitants, donc c’est un défi absolument considérable, c’est une question de survie collective ».


C’est alors l’occasion pour le journaliste de rappeler sa pleine indépendance:

« Je rappelle que France Info est aussi fortement engagée puisque vous avez accepté vous-mêmes de participer le 3 novembre prochain à l’opération Hashtag ma planète 2050 où 1000 collégiens du monde entier vont venir à France Info pour venir présenter leurs solutions pour le climat. Nous sommes mobilisés ».


Devant l’importance des enjeux, heureusement, tous les politiques ne restent pas inertes et certains n’hésitent pas à proposer des solutions originales et novatrices pour sauver notre belle planète, voire régler l’angoissant problème des migrants climatiques. Jean-Vincent Placé, pétulant sénateur écologiste, déclare ainsi avoir perdu 14 kg:

« C’est ma contribution à moi personnelle à la conférence-climat et à la lutte contre le dérèglement climatique ».


Nous n’en saurons hélas pas beaucoup plus dans cet article passionnant du Figaro sur la nature exacte de son engagement personnel pour le climat, mais c’est une nouvelle preuve de la santé actuelle de l’écologie politique, et de sa capacité à ne jamais craindre le ridicule.


Dernier accessit, enfin, pour une étude qui, signalée par le journal canadien L’Actualité, ajoute un nouvel item à la liste de John Brignell de toutes les choses causées par le réchauffement climatique:

« Les changements climatiques constituent l’une des plus grandes menaces pour les régimes de retraite, et les gestionnaires de retraite pourraient être forcés de se positionner publiquement pour remplir leurs obligations légales, indique une étude ».


Parfois, l’imagination des compétiteurs laisse le jury sans voix.


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