La sortie du CAC 40 contraint EDF à clarifier sa stratégie

Véronique Le Billon/ Chef de service adjointe  
08/12 /2015


image: http://www.lesechos.fr/medias/2015/12/08



Mardi, le titre EDF a clôturé en recul de 4,02 %, à 12,77 euros, mais dans un CAC 40 lui-même en nette baisse (-1,57 %) 


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Le siège d’EDF. - AFP


La mesure va peser sur l’attractivité du titre de l’électricien public. Actionnaire à 84,5 %, l'État est aussi interpellé sur le flottant disponible.

EDF broie du noir. L’annonce, lundi soir, du comité scientifique des indices (CSI) d’Euronext de remplacer le titre par Klépierre dans l’indice CAC 40, reléguant ainsi en deuxième division le premier électricien mondial et ses 73 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a douché les équipes avenue de Wagram « C’est d’abord le signal que le monde financier ne croit plus en la valeur, mais c’est aussi une blessure d’amour propre »,réagissait de son côté un syndicaliste. Quelles seront les conséquences de cette situation ? Tour d’horizon des questions soulevées par la sortie du CAC 40.

Quel impact sur le cours futur du titre ?
Mardi, au lendemain de l’annonce de son déclassement, le titre EDF a clôturé en recul de 4,02 %, à 12,77 euros, mais dans un CAC 40 lui-même en nette baisse (-1,57 %). Pour EDF, la sortie du titre avait été largement anticipée et même « autoréalisée » par les actionnaires minoritaires après les premières notes d’analystes financiers évoquant cette hypothèse il y a quelques semaines. Les fonds indiciels, qui « répliquent » le CAC 40, ont commencé à alléger leur participation et le feront jusqu’au 21 décembre, date de sortie effective d’EDF de l’indice. Pour l’avenir, la sortie d’EDF de l’indice phare de la Bourse de Paris détourne mécaniquement un volant d’investisseurs, et les plus importants. La mesure n’aura en revanche pas d’impact sur le financement de sa dette.


Que peut faire l’État ?

Dès lundi soir, EDF, détenu à 84,5 % par l’État, a pointé le paradoxe de sa sortie de l’indice : « 22e capitalisation boursière  en France, EDF ne dispose que d’un flottant limité à 15 %, ce qui explique la décision d’Euronext ». Les critères de décision du conseil scientifique des indices (CSI) se fondent en effet sur la capitalisation flottante et les capitaux échangés pour décider des valeurs qui entrent et sortent du CAC 40. La loi autorise l’État à descendre à 70 % dans EDF, mais l’accroissement du flottant n’est pas à lui seul un déterminant. Le cours du titre, au plus bas, limiterait en outre les recettes de l’État. Et les syndicats sont très sensibles sur la « privatisation » des actifs d’EDF. L’urgence, enfin, semble ailleurs : Pour éviter à EDF de sortir trop de cash, l’État actionnaire vient d’accepter de percevoir son acompte sur dividende (900 millions d’euros) sous forme d’actions nouvelles, ce qui renforce à court terme sa participation « Nous prenons acte de la décision d’Euronext qui reflète l’évolution du cours d’EDF et ne remet pas en cause la solidité du groupe », a réagi l’entourage du ministre de l’Economie.


EDF peut-il revenir rapidement dans le CAC ?

Le CSI actualise chaque trimestre sa liste des entrants et des sortants du CAC 40. EDF va désormais s’atteler à la redéfinition d’une « equity story » à vendre aux investisseurs. Pour le groupe, cela ne peut de toute façon intervenir qu’une fois le paysage clarifié sur la prise de contrôle de l’activité réacteurs d’Areva NP et après sa décision finale d’investissement pour construire les deux EPR à Hinkley Point, au Royaume-Uni. Pas avant plusieurs mois probablement. D’ici là, les analystes auront aussi plus de visibilité sur l’impact de la fin des tarifs réglementés pour les entreprises et les collectivités.

Le groupe, qui présente son plan à moyen terme 2016-2019 en conseil ce mercredi, défend ses engagements financiers pris il y a près de deux ans et qui servent encore de digue pour les marchés (notamment un cash-flow libre positif après dividende en 2018). Selon nos informations, le groupe devrait commencer à réduire ses effectifs dès 2016, mais EDF devrait aussi procéder à des dépréciations d’actifs, suite à la mise sous revue stratégique de ses actifs fossiles en Europe continentale. Sa filiale gazière Edison a d’ailleurs pointé, mardi, un risque de dépréciation à hauteur de 1,5 milliard d’euros.


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