Électricité: Berlin se dote d’une réserve au lignite

Luc André
Berlin 
04 novembre 2015 

 


Le marché de capacité, retenu par la France, a été jugé trop coûteux par la chancelière


La difficile transition énergétique allemande
© Reuters



Pour garantir la sécurité de l’approvisionnement électrique, l’Allemagne va mettre des centrales, polluantes, au lignite en réserve. Le dispositif doit contribuer à atteindre les objectifs climatiques. Les organisations environnementales dénoncent des subventions à une industrie en perte de vitesse.

Pour l’organisation de son marché de l’électricité, l’Allemagne a décidé de choisir une autre méthode que la France. Après plusieurs mois de consultations, le gouvernement de coalition d’Angela Merkel a entériné mercredi le principe de la mise en réserve d’un certain nombre de centrales pour garantir un approvisionnement continu. Ce matelas de sécurité de 4,4 GW représente 5% du pic de consommation outre-Rhin.

Le marché de capacité, retenu par la France, a été jugé trop coûteux. Dans ce système, les opérateurs vendent aux enchères, sous la forme de certificats, une partie de leurs capacités de production pour le cas où.

Énergies renouvelables
La pierre angulaire de la réserve allemande est constituée par un groupe de centrales au lignite (2,7 GW), un minerai très polluant dont l’Allemagne est le principal producteur mondial. Pour respecter ses ambitieux objectifs climatiques (-40% d’émissions de CO2 en 2020), Berlin a été amené l’hiver dernier à échafauder un plan d’urgence pour économiser 22 millions de tonnes supplémentaires de CO2. Et le lignite (25% du mix énergétique allemand) était en haut de la liste des secteurs appelés à contribution. Le minerai a paradoxalement le vent en poupe avec l’essor des énergies renouvelables. L’éolien et le solaire cassent les prix de gros de l’électricité et du coup les centrales au lignite, souvent déjà amorties, sont les seules à rester compétitives.

À l’origine, le ministre de l’Énergie Sigmar Gabriel avait imaginé une surtaxe sur la production des centrales au lignite pour les sortir du marché. Au final, les consommateurs allemands vont débourser 230 millions d’euros par an entre 2016 et 2020 pour mettre à l’arrêt 13% des capacités de production au lignite. Le vice-chancelier SPD a dû, en effet, capituler devant la résistance conjuguée de grands énergéticiens aux comptes dans le rouge, du syndicat de l’énergie et des régions minières concernées, dirigées par des membres de son parti.

Le collectif d’ONG Alliance pour le climat dénonce des subventions déguisées à une industrie en perte de vitesse. Selon ses recherches, une des huit centrales concernées était promise à une fermeture avant l’échéance de 2020 et une autre n’est déjà plus rentable actuellement. Sigmar Gabriel tente de parer ces critiques en jouant la carte climatique: «Nous dépensons beaucoup plus d’argent pour d’autres mesures d’économie de CO2 comme par exemple pour l’efficacité énergétique». L’Alliance pour le climat estime aussi que Berlin devrait fermer trois fois plus de centrales au lignite pour atteindre ses objectifs en 2020 et poursuivre sur cette lancée après.

Coûts environnementaux
L’organisation environnementale Greenpeace était prête à mettre la main à la pâte en reprenant les activités minières de Vattenfall en Allemagne. Mais l’ONG réclamait un chèque de 2 milliards d’euros pour couvrir les coûts environnementaux. Greenpeace a été finalement écarté de la procédure d’appel d’offres en cours «Si notre coopération avec nos voisins européens se développe bien, nous n’aurons, peut être, plus besoin de la réserve lignite», plaide Sigmar Gabriel. En juin, Berlin a conclu un accord avec onze pays pour garantir ensemble l’approvisionnement électrique dans leur zone.

Pour chaque consommateur, cette réserve aura un impact limité: Moins de 3 euros pour un ménage de quatre personnes. Mais cette petite somme s’ajoute aux autres contributions finançant la transition énergétique (une vingtaine de milliards par an). Entre la contribution pour l’essor des énergies vertes, celle pour l’extension du réseau ou l’incompréhensible contribution pour le raccordement tardif des parcs éoliens marins, le consommateur ne sait plus où donner du porte-monnaie. Malgré les efforts du gouvernement, la facture d’un ménage moyen a bondi de 540 euros depuis 2011 selon l’Institut d’études économiques de Cologne.



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