Le gouvernement suédois fait le pari du nucléaire

Alice Superchef (Paris)
28/06/2016


Commentaire: Des femmes et des hommes politiques qui réfléchissent sérieusement à l'avenir de leurs concitoyens et de leur pays. Cela fait plaisir! Sauf que c'est en... Suède.

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Le gouvernement suédois, composé d'une coalition de sociaux-démocrates et d'écologistes, est parvenu le vendredi 10 juin dernier à un consensus sur les grandes orientations à donner à la politique énergétique nationale dans les trois prochaines décennies. Sur le plan nucléaire, cet accord politique renonce à un démantèlement des trois centrales existantes, qui fournissent environ 35 % de l'électricité produite en Suède, et autorise la construction de nouveaux réacteurs. L'objectif ? Favoriser un mix énergétique 100 % décarboné à l'horizon 2050.

Garantir l'approvisionnement énergétiqueSi le gouvernement suédois actuel associant sociaux-démocrates et Verts avait décidé en 2014 de geler le développement nucléaire en Suède, il a semble-t-il fait volte-face le 10 juin dernier en devenant, comme l'opposition de centre-droit, favorable à la construction de réacteurs neufs. Un revirement qui dénote d'une volonté commune au sein de la classe politique suédoise, de garantir la sécurité d'approvisionnement électrique du pays tout en respectant ses objectifs de réduction des émissions de CO2.

La Suède dispose actuellement de neuf réacteurs, qui assurent à eux seuls près de 35 % de la production d’électricité du pays. Ces réacteurs sont toutefois menacés de fermeture d’ici à 2020 par les exploitants Vattenfall et E.ON en raison de la chute des prix de l’électricité sur le marché européen, et de la lourde fiscalité qui pesait jusqu'à présent sur la production électronucléaire.

Pour éviter ces fermetures et la pénurie d’électricité qui en découlerait, le gouvernement suédois a donc annoncé la suppression d’ici à 2019 de certaines taxes sur l’électricité d’origine nucléaire, et le renouvellement progressif du parc de production. Le gouvernement assure qu'il autorisera la construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires dans le pays pour compenser la fermeture des installations exploitées depuis les années 1970 et 1980. "L’objectif (…) est de faire en sorte que nous puissions toujours garantir une électricité à des prix compétitifs, de manière stable et durable, à court comme à long terme", a déclaré le ministre de l’Energie, Ibrahim Baylan.

Pour Björn Lindahl, spécialiste des questions énergétiques dans le quotidien suédois Svenska Dagbladet, cité dans le journal La Croix, "le gouvernement actuel considère le nucléaire comme le meilleur moyen de fournir une source d'énergie stable pour les industries du pays. Il pense aussi qu'elle est moins coûteuse à produire que d'autres sources. Cela veut dire que les autorités vont pouvoir remplacer les dix réacteurs existants en Suède, qui sont vieillissants et qui cesseront de fonctionner d'ici à 2050".


Une stratégie zéro carbone à l'horizon 2050
Avec 35 % d'électricité d'origine nucléaire et 45 % d'électricité provenant des grands barrages hydrauliques, la Suède est à l'heure actuelle, avec la France, un des pays européens ayant l’électricité la plus décarbonée. La Suède a en effet consenti de nombreux efforts pour réduire ses émissions de dioxyde de carbone ces dernières décennies - elles ont baissé de 9 % entre 1990 et 2006 - et s'est fixée pour objectif de devenir neutre en carbone d'ici à 2050.

Or, si l'énergie nucléaire a longtemps divisé les dirigeants suédois, elle est désormais considérée comme indissociable d'une production énergétique à la fois stable, bon marché et décarbonée, et doit prendre part dans la stratégie de décarbonisation du système énergétique européen. Le revirement du gouvernement suédois n'a donc rien de surprenant et apparaît plutôt comme un argument de plus pour l'énergie nucléaire en Europe dans la lutte contre le changement climatique.

Plusieurs pays européens ont, comme la Suède, fait le choix de développer ou de prolonger l'exploitation de l'énergie nucléaire dans les années à venir afin de garantir un mix énergétique plus durable en accord avec les exigences climatiques de la COP21. La France bien sûr, mais également la Belgique ou le Royaume-Uni ont exprimé le souhait de prolonger la durée d'exploitation de leurs centrales, voire même d'entamer la construction de nouveaux réacteurs plus performants.

Dans l'Hexagone par exemple, l'énergie nucléaire représente aujourd'hui plus de 75% de la production d'électricité et devrait continuer à jouer un rôle déterminant dans le mix énergétique national. Le gouvernement envisage en effet de prolonger la durée de vie de certaines centrales de 40 à 50 ans afin d'accompagner le développement des énergies renouvelables intermittentes, tout en garantissant des prix de l'électricité parmi les plus faibles d'Europe.

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