Le nucléaire à la croisée des chemins

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par Jacques Percebois
publié le 28.02.2017

Commentaire: La majorité des français sont pro-nucléaire et contre les ENRi. Sinon, comment expliquer le score minable des écologistes à l'élection présidentielle avec pour principale mesure dans leur programme l' arrêt du nucléaire (2025)? Oui, comment?
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Crédit photo : @EDF – Christophe Guibbaud

Pour Jacques Percebois, Professeur émérite à l’Université de Montpellier, fermer de façon prématurée des centrales qui fonctionnent et sont largement amorties serait une hérésie économique.

Depuis l’accident de Fukushima en 2011, l’opinion publique française reste majoritairement favorable au nucléaire mais la confiance dans cette source d’énergie s’est un peu émoussée au fil du temps. Certes, chacun en convient : grâce au nucléaire, la France a recouvré une relative indépendance énergétique, bénéficie d’un prix de l’électricité sensiblement plus bas que celui observé dans de nombreux pays européens et peut espérer que son industrie nucléaire, qui demeure performante malgré quelques déboires conjoncturels, profitera de la relance du nucléaire observée aujourd’hui dans le monde, en Asie (en Chine notamment) mais également dans certains pays européens dont le Royaume-Uni. Fermer de façon prématurée des centrales qui fonctionnent et qui sont largement amorties serait une hérésie économique. Et quoiqu’il arrive, il est techniquement impossible de passer de 75% de nucléaire dans le mix électrique en 2017 à 50% en 2025 compte tenu de ce que sont les délais de fermeture et ceux d’un remplacement même partiel du parc de centrales.

Bien évidemment, la prolongation de la durée de vie des réacteurs actuels va coûter de l’argent et le nouveau nucléaire (l’EPR) est plus coûteux que prévu. Il y a aussi des craintes du côté du coût du démantèlement ou de celui de la gestion des déchets mais ces dépenses seront étalées sur plusieurs décennies. De plus, de nouveaux progrès techniques sont attendus (l’EPR NM pour « nouveau modèle », plus fiable et moins coûteux, les SMR, « Small Modular Reactors » , ou les réacteurs de Génération IV comme le projet Astrid).

Mais deux raisons supplémentaires ne doivent pas être sous-estimées pour expliquer cette inflexion de l’opinion : d’abord l’idée que la demande d’électricité peut baisser grâce à l’efficacité énergétique, même si cela est contesté par ceux qui pensent que le développement du véhicule électrique devrait aller en sens inverse ; ensuite l’idée que les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien peuvent prendre le relais, en partie du moins. Mais il ne faut pas perdre de vue que ces énergies sont encore largement subventionnées et demeurent intermittentes ce qui pose le problème du stockage de l’électricité à certaines heures et celui de la défaillance de l’offre à d’autres périodes. Le développement de l’autoconsommation photovoltaïque, encouragé par le vote d’une récente loi en France, dès que la « parité réseau » sera atteinte du moins, devrait accélérer la pénétration du solaire dans l’habitat si le stockage de l’électricité à petite échelle devient compétitif.

En fait, nucléaire et renouvelables sont deux énergies « bas carbone », ce qui est important pour la lutte contre le réchauffement climatique, et ce sont donc des énergies complémentaires. Au nucléaire et à l’hydraulique les grands réseaux maillés et interconnectés à l’échelle nationale et européenne, au solaire et à l’éolien les petits réseaux locaux à la maille des quartiers ou des villes. La part du nucléaire dans le mix électrique dépendra donc dans une large mesure de l’équilibre entre ces deux modèles.



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