Les énergies « renouvelables » ne font que continuer la civilisation industrielle

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 Nicolas Casaux
21 février 2017
Nicolas Casaux est membre de l’organisation internationale Deep Green Resistance.

Commentaire: Remarquable analyse de l'escroquerie éolienne "verte". Par ses arguments implacables, elle "dénonce" le discours mensongé politique rabâché depuis des décennies par les élus (es) pro-éoliens, certains médias, certaines ONG et autres agences gouvernementale ou internationale. L'élection présidentielle et les législatives arrivent à point nommées pour envoyer un premier coup de semonce à ces menteurs (es) par dogme, par ignorance ou par profit. En attendant, le temps des "juges".  A consommer et à partager sans restriction...
ZÉRO ÉOLIENNE et BASTA!
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L’écologie, dans le discours politique dominant, tourne désormais, le plus souvent, autour du déploiement des sources d’énergie dites « renouvelables », présentées comme des innovations pouvant nous permettre de concilier le maintien d’un certain confort industriel moderne et le respect de l’environnement ; les principales autorités gouvernementales et scientifiques de la civilisation industrielle ayant admis, in fine, que les énergies issues de combustibles fossiles et du nucléaire, étaient polluantes, écologiquement destructrices, outre qu’elles dépendaient de ressources finies.

Du gouvernement des États-Unis à celui de la Chine, en passant par celui de la France, de l’armée états-unienne à Jean-Luc Mélenchon, du Réseau sortir du nucléaire à l’association negaWatt, des Colibris à Vinci Énergies, tous en font désormais la promotion. Bien sûr, les motivations diffèrent.

Dans les faits, le déploiement de ces technologies s’avère anti-écologique et antidémocratique. Par souci de concision, ce qui suit est une version abrégée des raisons pour lesquelles lesdites soi-disant énergies renouvelables sont une illusion de plus — s’inscrivant dans la longue lignée d’illusions promues par les idéologues du progrès — qui nous mène, et la planète avec nous, droit au mur. Pour une version plus étayée, suivez ce lien.

Voici les principaux points qui posent problème :
Ces technologies nécessitent des matières premières non renouvelables, en grandes quantités, et donc des pratiques extractivistes nuisibles à l’environnement, doublées de formes d’exploitations sociales, comme toutes les activités minières, ce qui n’est jamais discuté par leurs promoteurs. Un exemple : la construction de panneaux solaires, pour prendre l’industrie perçue comme la plus « propre », requiert, entre autres, les matériaux suivants, listés en avril 2016 par le site Resource Investor : l’arsenic, l’aluminium, le bore, le cadmium, le cuivre, le gallium, l’indium, le minerai de fer, le molybdène, le phosphore, le sélénium, le silicium, l’argent, le tellure et le titane. Les technologies dites « renouvelables » impliquent toujours des pratiques extractivistes nuisibles pour l’environnement. D’autant plus en raison de l’échelle colossale (planétaire) à laquelle leur développement est envisagé. Si l’on prend en compte toute l’énergie grise nécessaire à leur déploiement, leur caractère soutenable (écologique) est immédiatement remis en question, tout comme leur caractère démocratique (travail dans les mines, etc.).

Ces pratiques extractivistes sont dépendantes des combustibles fossiles, ainsi que l’explique le chercheur états-unien Ozzie Zehner dans son livre Green Illusions : The Dirty Secrets of Clean Energy and the Future of Environmentalism [1], nous devrions parler d’énergies alternatives « dérivées des combustibles fossiles », et pas d’énergies « renouvelables », ou « vertes », ou « propres ».

Le déploiement de ces technologies « vertes » bénéficie avant tout aux grands groupes industriels. Quelques exemples : le conglomérat industriel Adani (qui investit également dans les activités minières, dans le charbon, etc.) possède la plus grande centrale solaire du monde, en Inde ; le groupe Vinci s’occupe du développement de centrales solaires au Sénégal ; l’armée états-unienne est un des plus grands promoteurs des technologies « renouvelables » et en particulier des centrales solaires, qui fleurissent sur ses bases militaires ; la deuxième plus grande centrale solaire du monde (détrônée par la construction en Inde de celle du groupe Adani) appartient au groupe Berkshire Hathaway, un conglomérat et une société d’investissement états-unienne, dirigé par Warren Buffett et Charlie Munger, qui compte Bill Gates à son directoire et qui est, selon le Forbes Global 2000, la quatrième entreprise mondiale (on ne va pas détailler plus, vous comprenez bien qu’elle possède des investissements dans à peu près tout).

Le développement des énergies dites « vertes » est également à l’origine d’autres destructions écologiques. On peut s’en rendre compte en analysant un certain type d’articles mensongers (dont les titres sont du type : « Le Costa Rica tourne à 100 % avec des énergies renouvelables »), qui participe à la création d’un mythe qui entoure les sources d’énergie dites « renouvelables ». Confondant très souvent énergie et électricité, ou assimilant les deux (premier mensonge), ces éléments de désinformation encensent une des industries les plus dommageables pour le monde naturel : l’industrie des barrages, qui anéantit la biodiversité des rivières qu’elle déforme, qui participe au réchauffement climatique (le célèbre climatologue James Hansen dit des barrages qu’ils sont des « usines à méthane »), et qui entraîne des expulsions et des déplacements massifs de population (dénoncés, entre autres, par Arundhati Roy dans son magnifique essai publié en France sous le titre Le Coût de la vie).

 

La destructivité écologique de la civilisation industrielle ne relève pas que de sa production d’énergie. Bien avant le début de l’utilisation des combustibles fossiles, la civilisation, le type de société humaine fondé sur la croissance de villes, avait déjà appauvri la biodiversité mondiale, altéré le climat, et massivement déboisé la planète. Cependant, la production industrielle d’électricité induit l’accélération exponentielle des destructions. Et plus on augmente la quantité d’énergie disponible, plus les destructions se multiplient ; contrairement aux fantasmes de beaucoup d’écologistes, qui fondent leurs raisonnements sur l’hypothèse largement absurde et improbable, en l’état actuel des choses, selon laquelle la majorité des citoyens aspirerait à la sobriété dans tous les domaines, et serait guidée par une mentalité écologiste. Ce qui est faux, et relève d’une inversion des réalités. Loin d’être mises au service d’une illusoire transition énergétique, les énergies dites « renouvelables » s’ajoutent aux autres, qui continuent à se développer (on construit des centrales à charbon et nucléaires dans le monde entier, en Asie, en Amérique, en Afrique, en Océanie, et en Europe, où plus de 10 pays construisent ou planifient la construction de réacteurs) : toutes alimentent la croissance et l’étalement de la société de consommation industrielle.

En définitive, la promotion et le développement des énergies « vertes » ne bénéficient pas au monde naturel, aux plantes et aux animaux non humains, qui souffrent directement de l’implantation de ces nouvelles machines industrielles, des barrages aux centrales solaires en passant par les usines à biomasse et les parcs éoliens, et indirectement, en raison de tous les points déjà exposés ici. Elles ne bénéficient pas non plus aux êtres humains que ces nouvelles industries exploitent, ou à ceux que la société industrielle continue et continuera d’exploiter, et à tous ceux, humains et non-humains, qui viendront au monde sur une Terre au climat détraqué, à la biodiversité fortement appauvrie, et dont l’air, l’eau et le sol seront contaminés.

Pour toutes ces raisons, il est essentiel que nous comprenions, et que nous nous rappelions, que les besoins du monde naturel sont plus importants que les besoins des économies, et des sociétés humaines, puisque sans un environnement sain, aucune société n’existe, ni aucune économie. Et le monde naturel a besoin que nous démantelions autant d’usines que possible, et qu’au minimum nous cessions d’en construire ; il a besoin que nous mettions fin aux productions en masse de l’industrialisme, et qu’au minimum, nous les réduisions de manière drastique, et qu’au strict minimum, nous stoppions leur croissance ; il a besoin que nous délaissions une large partie de nos infrastructures de transport et de communication, et qu’au minimum nous cessions de les étendre, et ainsi de suite. Ce à quoi le développement des énergies « renouvelables » ne participe pas.

[1] Le livre n’a pas été traduit en français. Littéralement, son titre signifie : « Les illusions vertes : les vilains secrets de l’énergie propre et le futur de l’environnementalisme ».
Source : Courriel à Reporterre
- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.
- Titre, chapô et inters sont de la rédaction.
Dessin : © Tommy/Reporterre
Photo :
. barrage : Unsplash (Anthony Da Cruz/CC0)

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