Le coût caché de la nourriture discount allemande

EURACTIV.de
Par : Ama Lorenz
translated by Emilie Buffet
26 avr. 2017

 
Pour que les Allemands puissent consommer de la viande de bœuf et du bacon au petit-déjeuner, l'agriculture industrielle a recours à de généreuses quantités d'antibiotiques et d'engrais riches en nitrates. [Alper Çuğun/Flickr]

Si les Allemands aiment faire leurs courses dans les supermarchés discount, les frais indirects engendrés par ces produits discount sont énormes, et c’est la société tout entière qui en paie le prix. Un article d’Euractiv Allemagne.

Le seul endroit où l’on peut trouver de la nourriture à un prix plus bas qu’en Allemagne? les pays touchés par la crise, tels que la Grèce, d’après l’agence de statistiques allemande.

C’est le résultat d’une compétition acharnée dans le secteur du commerce de détail, un véritable fléau pour les agriculteurs allemands, car les prix offerts par les supermarchés discount comme Aldi ou Lidl sont loin de refléter leurs coûts réels.



Nouveaux défis pour la rentabilité de l'agriculture européenne

De nombreux facteurs ont limité les revenus des agriculteurs européens, du changement climatique à l’augmentation des coûts de production, en passant par l’embargo russe et une demande chinoise stagnante. Les exploitants tentent donc d’innover.

Sain et peu cher
La plupart des Allemands sont persuadés que la bonne santé du secteur agricole a une influence positive sur la qualité de la nourriture. D’après une récente étude de l’institut de sondage Kantar Emnid, la production agricole à petite échelle est considérée comme faisant partie intégrante de la culture allemande.

Cet état d’esprit se retrouve dans la tendance des produits agricoles biologiques, ainsi que dans des pratiques durables et éthiques. L’étude montre également que près de 80 % des Allemands voient l’agriculture conventionnelle comme dommageable pour la qualité du sol, de l’eau et de l’air.

Cependant, les Allemands sont souvent peu enclins à dépenser davantage d’argent pour acheter des produits biologiques. Par conséquent, les recettes des supermarchés discount allemands se sont élevées à 159,8 milliards d’euros en 2016. En d’autres termes, près de la moitié de la population allemande a fait ses courses dans des magasins tels qu’Aldi ou Lidl l’année dernière.




Kofi Annan veut une agriculture qui produit plus avec moins de ressources

L’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, appelle à investir dans les pays en développement afin de « produire plus de nourriture avec moins de ressources », tout en rendant l’agriculture plus durable.

Le coût caché des prix bas
Les économies réalisées au niveau individuel ont cependant un coût collectif. Des scientifiques d’Augsburg ont en effet constaté que les coûts indirects de l’agriculture conventionnelle, qui ne se reflètent pas directement dans les prix des produits vendus en supermarché, sont énormes.

Pour que les Allemands puissent consommer de la viande de bœuf et du bacon au petit-déjeuner, l’agriculture industrielle a recours à de généreuses quantités d’antibiotiques et d’engrais riches en nitrates. L’azote et le phosphore ont un effet particulièrement destructeur sur la qualité du sol et de l’eau, tandis que les émissions d’ammoniac et d’oxyde d’azote contribuent au réchauffement climatique.

Ces répercussions ne sont souvent pas visibles immédiatement. Les coûts non plus. Pourtant, les fournisseurs d’eau doivent investir dans des systèmes onéreux de filtration afin de séparer les nitrates de l’eau potable. Ces coûts se retrouvent ensuite dans les factures d’eau mensuelles ou annuelles.

D’après l’étude, si les frais occasionnés sur la santé, l’écosystème ou le climat étaient ajoutés au prix des denrées alimentaires, la facture finale augmenterait de 10 %. À titre de comparaison, le prix de la viande biologique ne connaîtrait qu’une augmentation de 4,1 %, afin de couvrir les frais et les facteurs extérieurs.

10 milliards d’euros de frais supplémentaires
« Le prix que les consommateurs paient pour acheter de la nourriture ne reflète pas le coût réel de ces denrées », ont résumé les auteurs de l’étude. Par exemple, le rapport estime que si le coût d’une plus grande consommation d’azote, essentielle à l’augmentation du rendement agricole, devait être compensé, les consommateurs se verraient imposer 10 milliards d’euros de frais supplémentaires.

Si ces distorsions de prix et de marché ne sont pas conformes à la durabilité prônée par la politique agricole commune (PAC), les contributions directes de l’Allemagne et l’organisation du marché européen maintiennent toutefois les prix à des niveaux très bas.

Nombre d’organisations environnementales et agricoles sont convaincues que la politique agricole ne va pas dans le bon sens. Ces groupes insistent pour dire que davantage de contributions directes de l’UE devraient, à l’avenir, être destinées aux agriculteurs qui privilégient la défense de l’environnement et le bien-être des animaux. Les 15 % d’incitations financières fournies par la PAC ne sont toujours pas utilisées de manière complètement efficace.

Le ministère allemand de l’Agriculture finance actuellement une initiative lancée entre autres par le parti écologiste, qui espère approfondir le développement de pratiques de gestion des terres plus propres. Le programme BÖLN a reçu 20 millions d’euros de financements pour 2017.

Son but est d’éloigner les consommateurs allemands de l’option de facilité que représente la nourriture discount pour les orienter vers des produits biologiques, qui entraînent moins de coûts indirects.



« La numérisation est une aubaine pour l'agriculture »

La propriété et l’accès aux données devraient améliorer la compétitivité des agriculteurs, selon le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan.
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