Réponse de l’OMEC à la tribune des Echos sur le Nucléaire et la méthode Coué.

par nikopol92

« La méthode Coué ne sauvera pas l’industrie nucléaire »
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-172945-la-methode-coue-ne-sauvera-pas-lindustrie-nucleaire-2108694.php

Critiques de Jean Fluchère en rouge ci dessous (24/08/2017)
Lorsque l’on connaît l’auteur de l’article, on sait immédiatement qu’il va descendre en flammes l’électronucléaire dont, pourtant, il bénéficie tous les jours comme les autres français.


Il est inutile d’invoquer un atome mythique comme il y a 20 ou 30 ans alors que l’industrie nucléaire est aujourd’hui plombée par les faillites et les désastres industriels, situation illustrée en France par les déboires d’Areva et d’EDF.
Les difficultés financières d’ AREVA ne doivent pas occulter qu’entre 2005 et 2014, EDF a versé 20 milliards de dividendes à l’ État. Alors que ce dernier lui devait une partie de la CSPE qui s’élevait en 2012 à 5 milliards d’€.
Or tous les Conseils d’Administration le diront, une entreprise distribue des dividendes quand elle n’a pas de projet intéressant. Sinon, avec l’accord de ses actionnaires, elle distribue peu de dividendes pour consacrer le reste de ses bénéfices aux investissements. Là, l’ État se sert et EDF doit emprunter !
Au passage, quand EDF était un Établissement Public à Caractère Industriel et commercial (EPIC) et que l’ État lui a demandé de lancer le grand programme nucléaire, il ne lui a fait aucun apport en capital. EDF a dû tout emprunter sur les marchés financiers et rembourser tous ses emprunts.


Dans sa récente tribune publiée par le Cercle, M. Prudhomme liste divers arguments pour tenter de réhabiliter l’énergie nucléaire et contester la fermeture annoncée de nombreux réacteurs.
L’argumentation de Monsieur Rémy Prudhomme, professeur émérite, ce que n’est pas Stéphane Lhomme est tout à fait logique et claire pour tous ceux qui connaissent à la fois les problèmes électriques et les problèmes économiques.


Le problème est que l’auteur argumente comme on pouvait encore le faire il y a 15 ou 20 ans, en invoquant un atome mythique : « La France est un géant nucléaire », « Notre considérable savoir-faire nucléaire », etc.
Nous n’avons jamais évoqué un atome mythique. Simplement dire que l’industrie française avait réussi à construire 62 réacteurs (en comptant Daya Bay et Koeberg) en 20 ans, réacteurs qui fonctionnent comme des horloges est au moins aussi glorieux que ce qu’a pu faire Airbus !

    1. Prudhomme semble donc ignorer que l’industrie nucléaire en France et dans le monde est dans une situation catastrophique, illustrée par la faillite des deux de ses entreprises emblématiques, le français Areva et l’américain Westinghouse, ce dernier ayant même entraîné dans le gouffre son actionnaire principal, le japonais Toshiba.
      Westinghouse et son partenaire constructeur Toshiba sont en grande difficulté financière car le coût du gaz de schiste aux USA écrase toutes les autres formes de production. Il semble que Monsieur Stéphane Lhomme soit un partisan des gaz de schistes. Cependant, plusieurs réacteurs Westinghouse-Toshiba sont en fin de construction en Chine. Ils rencontrent les déboires de tous les réacteurs de nouvelle génération. Comme nous en Finlande et à Flamanville. En revanche, Monsieur Stéphane Lhomme se garde bien de signaler le succès des 2 EPR de Taishan en Chine. La célèbre courbe d’apprentissage fonctionne bien.

      L’auteur agite le coût pour les finances publiques qu’impliquerait la fermeture de réacteurs, rappelant que « le gouvernement cherche frénétiquement des secteurs où économiser quelques milliards », mais il oublie que ce même gouvernement creuse le déficit précisément en renflouant à grands frais Areva (3,3 milliards déjà versés, 4,5 milliards prévus, cf. Les Échos 10 janvier 2017).
      Savez-vous, Monsieur Stéphane Lhomme, combien Framatome puis Areva NP ont rapporté à l’ État en 30 ans ? Je pense que le chiffre de 4,5 Mds d’€ dont vous faites état est largement inférieur aux recettes versées à l’ État. D’autre part quand l’actionnaire est majoritaire dans une entreprise en difficulté, soit il la fait mettre en faillite, soit il remet de l’argent au capital. L’ État avait donc le choix.


      Et encore, il ne s’agit là que d’un début : ces derniers jours, l’État français a racheté l’ensemble des actions d’Areva SA, devenu une « structure de défaisance » sur le même modèle que le fameux Consortium de réalisation chargé de gérer le passif du Crédit lyonnais.
      La comparaison avec le Crédit Lyonnais est intéressante. La faillite du Crédit Lyonnais est arrivée alors que l’entreprise était nationalisée par le premier gouvernement Mitterrand. Ce qui montre que les entreprises sont mieux gérées par le privé que par le public
      .

      Il est d’ailleurs notable qu’Areva SA se retrouve à assumer le chantier EPR de Finlande, désastre industriel sans fin : le réacteur devait entrer en service en 2009, or, il n’est toujours pas terminé à ce jour. Une décision de justice internationale est d’ailleurs attendue avec, de façon quasi certaine, la condamnation de la France à payer 2,6 milliards aux Finlandais.
      Monsieur Lhomme, vous confortez ma remarque ci-dessus : jamais Framatome n’aurait vendu une centrale complète de 3ème génération en annonçant des prix et des délais délirants. Mais voilà, Framatome et son État-major n’existait plus. Il avait été entièrement remplacé par Mme Lauvergeon. D’autre part, Mme Lauvergeon était Présidente du Directoire dans lequel siégeaient de nombreux représentants de l’ État et avait au-dessus d’elle un Conseil de Surveillance où siégeaient encore de nombreux représentants de l’ État. La question que l’on doit poser est quelle a été leur réaction devant un tel engagement ?


      S’il est impossible de savoir aujourd’hui quelles autres mauvaises surprises – décomptées en milliards – réserve le cas Areva, que dire du dossier EDF ?
      L’électricien national est non seulement confronté à la désagrégation avancée des 58 réacteurs actuels, dont la rénovation ruineuse est assurément impossible à financer, mais aussi au désastre de son propre chantier EPR, à Flamanville (Manche).
      Je voudrais vous rassurer, Monsieur Stéphane Lhomme, contrairement à votre affirmation, nos 58 réacteurs ne sont pas du tout dans un état de désagrégation avancée. Il suffirait que vous visitiez une centrale de 40 ans pour vous en convaincre. Tous les travaux Post Fukushima sont en cours, la Force d’Action Rapide Nucléaire est opérationnelle depuis 2 ans, le grand carénage est en cours sur plusieurs sites et EDF fait face financièrement.


      La situation est si dramatique que l’Autorité de sûreté nucléaire est sommée de valider la cuve de ce réacteur malgré les graves défauts qu’elle présente : c’est d’ailleurs l’occasion de rappeler à M. Prudhomme que, en guise de « considérable savoir-faire nucléaire », l’atome français est impliqué dans un des pires scandales industriels de tous les temps : des milliers de pièces nucléaires – dont la fameuse cuve de l’ EPR – ont été mal fabriquées dans les forges d’Areva au Creusot, et souvent couvertes par des certificats de sûreté falsifiés.
      Dire que l’ ASN a été sommée de valider le couvercle de la cuve de l’ EPR est faire bien peu de cas de l’indépendance et de la compétence de l’ ASN et de ses appuis techniques que sont l’ IRSN et les Groupes Permanents d’Experts. Jamais une pièce métallurgique forgée n’a fait l’objet d’autant de tests et d’études que les pièces hémisphériques de l’ EPR. Pour votre information, les viroles de cuves ont été forgées au Japon chez Japan Steel Work.
      On ne peut pas être heureux, en tant que français de voir la perte de compétences de Creusot-Forge qui a été un des meilleurs forgerons du monde. Bien heureusement, la nouvelle Direction d’Areva a pris toutes les dispositions pour que les forgerons du Creusot retrouvent leur aura !


      Pendant des décennies, les débats sur le nucléaire ont principalement porté sur le risque et sur la question insoluble des déchets radioactifs. Alors que la catastrophe de Fukushima est toujours en cours et que des manifestations ont lieu dans divers pays – par exemple en France à Bure (Meuse) – contre les projets d’enfouissement des déchets, il est évident que ces questions restent d’une actualité brûlante.
      C’est vous qui dites que la question des déchets est insoluble parce que cela arrange vos thèses. C’est bien entendu archifaux. La catastrophe de Fukushima a eu lieu. Les salariés sur le site font le nécessaire pour en préparer la déconstruction. La dosimétrie des zones évacuées en en réduction rapide grâce aux travaux engagés et les populations reviennent.

      Pourtant, aujourd’hui, c’est sur le plan industriel et financier que l’atome est mis en cause et, pour tout dire, condamné. Outre les faillites déjà évoquées, il est notable que même les chantiers déjà largement avancés de réacteurs soient stoppés, comme à Shin Kori en Corée du Sud ou en Caroline du Sud (cf. AFP 1er août 2017).
      La part du nucléaire dans l’électricité mondiale est passée de 17 % en 2001 à 9 % à ce jour, un véritable effondrement qui va continuer inexorablement au fil des fermetures de vieux réacteurs. Or plus de la moitié des 400 réacteurs encore en service a plus de 30 ans.
      Ils peuvent en faire 60 et peut-être 80 !
      Rassurez-vous, la part du nucléaire dans l’électricité mondiale va croître rapidement, tout simplement parce que le nucléaire est le seul moyen de production de masse d’une électricité décarbonée.
      Je pensais qu’en tant qu’écologiste, les émissions de gaz à effet de serre vous préoccupaient plus que le nucléaire.
      Il se peut que le nucléaire s’arrête tout simplement parce notre planète sera devenue invivable.


      Invoquer un atome mythique, comme le fait M Prudhomme, ne changer en rien la réalité industrielle et financière. La méthode Coué ne sauvera pas le nucléaire.
      C’est Monsieur Stéphane Lhomme qui emploie la méthode Coué depuis qu’il était le porte-parole de Sortir du Nucléaire et non Monsieur Prudhomme.
      Jean Fluchère

      Stéphane Lhomme
      Directeur de l’Observatoire du nucléaire

      Complément de réponse le 26/08/2017 :

      Réponse à Stéphane Lhomme et à sa Litanie:
      -La réalité de l’industrie nucléaire dans le monde:
      -Réacteurs en fonctionnement : 447
      -Réacteurs avec une puissance de 392 GW et une production de 2500 TWh
      -Réacteurs en construction: 58 réacteurs pour une puissance de 63 GW et un investissement (approché) de 200 G€
      -Réacteurs commandés ou planifiés: 162 pour une puissance de 168 GW et un investissement (approché) de 450 G€
      -Réacteurs proposés: 349 pour une puissance de 400 GW

      Au total on peut s’attendre à la mise en oeuvre de 800 GW dans les 20 ans qui viennent soit 40 GW/an conduisant à une augmentation de production de 350 TWh/an (production française : 400 TWh/an) et un investissement annuel de l’ordre de 120 G€/an

      Répartition des démarrages en 2017-2019:
      -Chine: 20
      -Russie: 5
      -Inde:5
      -UAE: 4
      -Slovaquie: 2
      -Roumanie: 2
      -France, Finlande, Pakistan, Brésil, Argentine : 1

      -Les difficultés financières sont en France, USA et Japon


      -On retrouve dans le nucléaire ce qu’on a vu pour la métallurgie, les cellules solaires, la sidérurgie, l’électronique: désindustrialisation de l’Ouest.

      -L’action de Stéphan Lhomme est consort n’ a et n’aura pas d’influence sur le développement du nucléaire dans le monde, mais contribue aux difficultés de l’industrie nucléaire en et de France, une industrie qui emploie 425 000 salariés.

      -Monsieur Lhomme se frottera les mains lorsque les futurs réacteurs français seront construits par des entreprises chinoises, russes, ou coréennes.

      php

      Aucun commentaire:

      Enregistrer un commentaire

      YVELINES, SEPTEUIL : QUI BRACONNE NOS ARBRES ? QUAND DES CITOYENS-ENQUÊTEURS DÉCOUVRENT UN TRAFIC ILLÉGAL

         L'abattage et l'exportation illégaux de bois, essentiellement des chênes, issus d'espaces boisés protégés , de la France vers...