Veut-on vraiment sauver le climat ?

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par François Cordelle
Publié le 27 juillet 2017

Commentaire :  sauver la planète en luttant contre le réchauffement climatique par la réduction d'émission de GES, ça c'est être écolo. Dénoncer le nucléaire, vouloir s'en débarrasser et le remplacer par les ENR intermittentes (solaire et éolien), ça, c'est être...con, non?
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Devant l'intention du Ministre de l’Énergie d'honorer les promesses impromptues faites par le candidat François Hollande juste avant son élection à la Présidence de la République en 2012 (qu'il n'a d'ailleurs pas tenues) et les réactions de plus en plus nombreuses de personnalités scientifiques ou politiques (françaises et même américaines), d'organismes scientifiques (Académies des Sciences et de Médecine, Académie Française, Sauvons le Climat, SFEN...), il m'a paru nécessaire de faire objectivement le point sur la question de l'énergie nucléaire et de la protection du climat.

Le parc de production électrique français est en bon état de marche (les autorités de sûreté l'ont confirmé pour la totalité des centrales nucléaires) et le réseau de lignes THT assure bien son rôle de transport et d'interconnexion. Le système électrique français a d'ailleurs fait ses preuves au cours de l'incident du 4 novembre 2006 en Allemagne en permettant de limiter à quelques heures une panne qui affectait la quasi totalité de l'Europe. Depuis, la multiplication importante et non programmée de petites unités éoliennes et solaires, dispersées, intermittentes et aléatoires, sans augmentation notable des centrales pilotables, ne peut qu'avoir diminué la capacité de résistance du réseau à des situations exceptionnelles.
Bien que la productibilité annuelle des centrales françaises permette d'exporter quelques dizaines de TWh par an, la puissance installée ne suffit pas en période de forte demande ; la France est donc parfois importatrice d'une électricité provenant en fait de centrales au charbon ou au lignite, émettant donc des gaz à effet de serre (GES). C'est le signe qu'EDF n'a pas beaucoup de marges pour garantir la consommation d'électricité de la France, ce qui n'est pas étonnant, car il a fallu attendre vingt ans après la mise en service de Civaux 2 pour que l'on engage enfin l'EPR de Flamanville.

Cela étant, pourquoi devrait-on limiter la production du parc nucléaire ?
L'impératif étant de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant au maximum les émissions de GES, il faudrait au contraire produire le plus possible, la part exportée remplaçant une électricité européenne provenant principalement de l'usage de charbon ou de lignite. C'est même le seul moyen qu'a la France d'y participer dans le domaine de l'électricité, car la faible utilisation qu'elle fait de combustibles fossiles (gaz naturel) n'a pour cause que la nécessité de pallier la défaillance des énergies renouvelables aléatoires. Sans cela, l'électricité produite serait totalement décarbonée. Quand la France exporte 50 TWh à l'étranger, cette électricité remplace une électricité ayant une empreinte carbone de 50 Mt de CO².

En définitive, la lutte pour le climat conduit à utiliser le parc existant en retardant au maximum la mise hors service de chaque tranche, en veillant à la bonne adéquation du réseau d'interconnexion.

  • Toute diminution de la production se traduit par des émissions supplémentaires de GES, au détriment du climat, et augmenterait la probabilité de recourir à des importations avec émission de GES, ou, pire, à des coupures de courant. 
  • La puissance disponible est déjà insuffisante pour fournir la demande en période de forte demande. La fermeture d'unités ne peut qu'avoir des conséquences graves sur la garantie de la fourniture. 
  • Il est urgent de définir la politique d'investissements en moyens de production, à court, moyen et long terme, puis le développement du réseau d'interconnexion nécessaire, en estimant l'accroissement inéluctable de la demande.

Quelques réflexions à propos des sujets abordés ci-dessus

Transition énergétique
La Loi relative à la transition énergétique a été votée avec pour objet essentiel la réduction des rejets de GES pour lutter contre le réchauffement climatique. Cela a été fermement confirmé par le nouveau gouvernement. Bizarrement, d'autres articles de la Loi relatifs, non à l'objet, mais à des moyens, vont dans le sens contraire, en réduisant l'importance du recours aux centrales nucléaires, au profit des centrales utilisant des combustibles fossiles, rejetant des GES. Déjà la Loi NOME avait eu comme résultat le remplacement des chauffe-eau électriques par des chauffe-eu à gaz ! François Hollande, avant son élection à la Présidence de la République, avait promis de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim et, à terme, de réduire de 50% la production du parc de centrales nucléaires d'EDF, sans se préoccuper des conséquences climatiques.

Dans la situation présente, toute réduction de la production nucléaire se traduira immédiatement par une augmentation du recours à des centrales à combustible fossile (en Europe, majoritairement charbon). L'incohérence de ce qui précède exige que soient examinées toutes les conséquences des choix qui seront faits.

D'une part, si la production du parc d'EDF est encore un peu excédentaire globalement sur une année, en période de forte charge la puissance disponible est insuffisante, ce qui conduit à importer une électricité produite à partir de charbon ou de lignite. Cette situation est nuisible pour le climat, et risque de devenir critique. Non seulement il ne faudrait pas arrêter Fessenheim, mais il faudrait rapidement examiner sérieusement la programmation de l'ensemble du système électrique français, et même européen, pour tenir compte des aménagements à entreprendre en vue de la suppression souhaitée de tous usages de combustibles fossiles.

D'autre part, il y aurait tout intérêt à utiliser le plus possible la totalité du parc de production, en exportant l'excédent de la demande française. Cela serait bon financièrement, et, en prime, cela diminuerait en Europe les émissions de GES, ce qui serait très bon pour le climat.

Programmation des investissements
La programmation des investissements, à court, moyen et long terme, tant pour les centrales que pour le réseau d'interconnexion est urgente, car les délais d'étude et de réalisation de ces ouvrages sont longs, sans parler des délais politiques et administratifs nécessaires avant de pouvoir engager concrètement une opération.

La connaissance du programme prévisionnel des moyens de production permettra à l'organisme chargé d'exploiter l'ensemble du système électrique de préciser les modifications et adjonction à prévoir pour le réseau THT pour en garantir la stabilité.

La méthode adoptée dès les années 70 pour réaliser le parc nucléaire a démontré l'intérêt d'avoir des séries de « tranches » identiques (mêmes plans, mêmes matériels, mêmes dispositions), à l'exception de ce qui concerne les fondations et le mode de refroidissement des condenseurs, qui étaient adaptés aux conditions particulières de chaque site. On gagne sur le coût et le délai des études, sur les coûts des matériels, sur les délais de construction, de montage et de mise en service ; l'expérience a montré qu'il y a intérêt à n'espacer les tranches d'une même centrale que d'un an (comme cela a été fait pour les quatre tranches de la centrale du Blayais). On bénéficie ainsi très vite de l'expérience, gage de la qualité de l'exécution et de la sûreté du fonctionnement.

La consommation d'électricité ne va pas diminuer, pour les raisons suivantes :
  • Le souci de rechercher des économies d'électricité date du milieu des années 70, économies qui ont été réalisées à un rythme croissant au début, puis décroissant, car les économies ne sont pas renouvelables elles sont strictement limitées : plus on en a fait, plus il est difficile d'en faire. Le rythme de la croissance de la consommation a décru, sans toutefois s'annuler ; il est actuellement de 1 à 2% par an, alors qu'il a longtemps été de 7% par an. 
  • Électrification : La chasse intensive aux émissions de GES conduit à transférer certains usages énergétiques qui émettent des GES vers l'énergie électrique (transports, bâtiment, industrie), qui, elle, peut être produite en quantité sans émissions de GES (nucléaire, hydraulique, éolien, solaire...). Cela est vrai, même si la consommation totale d'énergie diminue, mais si l'on en arrive là, c'est la qualité de la vie qui en pâtira.
  •  L'accroissement de la population.

La biomasse, les biocarburants, émettent du carbone
Tout ce qui est « bio » relève chimiquement de la chimie organique, parfois appelée chimie du carbone, qui regroupe par définition tous les corps dont la formule comprend du carbone, provenant en fait du règne végétal et du règne animal. La combustion de ces corps comprend donc obligatoirement du dioxyde de carbone, CO², gaz à effet de serre.

L'homme a effectivement utilisé comme source d'énergie des végétaux, puis des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui n'étaient que de très vieux végétaux, en quantités de plus en plus importantes, au point de perturber le climat suite aux émissions de GES.

Il est donc tout à fait inexact de prétendre que l'usage des bio-combustibles n'augmente pas la concentration du CO² dans l'air. Dire qu'il ne faut pas compter ce CO² parce qu'il provient de la dissociation du CO² pour faire le tissu végétal, n'a pas de sens :

Le CO² qui a été absorbé pour faire le végétal à l'aide du soleil fait partie du passé, mais pour le présent et le futur proche, il est bien là ; et il ne sera remplacé que beaucoup plus tard, si on a replanté, et des décennies après. Par ailleurs, si le rythme de l'abattage des arbres est très supérieur à celui de la croissance des arbres, des forêts vont disparaître, comme cela a été le cas au cours de l'histoire (cèdres du Liban, Île de Pâques, Angleterre avant la découverte du charbon, Amazonie, Bornéo...).

D'ailleurs, si l'on faisait le même raisonnement avec les végétaux très très anciens qui, beaucoup plus tard, ont formé le charbon, le pétrole ou le gaz, on ne devrait pas compter l'apport de CO² de ces anciens végétaux comme GES !

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