Un tiers du miel vendu dans l’UE est frelaté

EURACTIV.fr
par : Manon Flausch 
 07/09/2017

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Fais un somme
Sans méfiance
Je suis làààà 
 
Aie confiance
Le silence propice te berce
Souris et sois complice
Laisse tes sens glisser vers ces délices tentatrices

 La chanson du serpent Kaa, le Livre de la Jungle
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Tout le miel produit en Europe n'est pas produit par des abeilles, loin de là. [Nick Melistas/Shutterstock]

Allongés au sirop de sucre, élaborés à partir de maïs ou de riz, faussement étiquetés bio : plus de 30 % des miels vendus en Europe sont frelatés. Des eurodéputés socialistes interpellent la Commission.

La principale menace pesant sur le secteur apicole, c’est la fraude, pas les pesticides, assure Norberto Garcia, professeur argentin et président de l’Organisation internationale des exportateurs de miels.

Dans une question écrite à la Commission européenne, Éric Andrieu, Jean-Paul Denanot, Guillaume Balas, Gilles Pargneaux et Virginie Rozière interrogent l’exécutif sur ses stratégies pour contrer le phénomène du miel frelaté.
« Le miel constitue aujourd’hui le troisième produit le plus frelaté dans le monde. » C’est ainsi que commence la question envoyée à la Commission, qui suggère une révision du règlement sur les denrées alimentaires d’origine animale, la mise en place de technologies d’analyse plus poussées et un renforcement des règles de traçabilité et d’étiquetage au sein du marché intérieur.

Une question pertinente, puisque, selon les tests menés en 2015 par la Commission européenne sur plus de 2 000 échantillons de miel, 32 % des miels vendus dans l’UE n’étaient « pas conformes ou soupçonnés de ne pas l’être ». La même année, une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes souligne que près de 43 % des miels analysés en France ont été déclarés « non conformes » ou « non satisfaisants ».

« Ce problème n’est pas mineur, ni économiquement, ni sanitairement, ni politiquement, sur lequel on veut savoir quelle est la position de la Commission », souligne Éric Andrieu. « Nous voulons vraiment insister sur les enjeux des pollinisateurs, et de tout ce que ça représente derrière [notamment en termes de production alimentaire], mais en amont de tout cela, il faut qu’on ait des outils de contrôle qui soient au point. »

Fraude et production artificielle
En France et partout en Europe, la demande en miel augmente, et la production nationale est loin de pouvoir satisfaire cet appétit. En 2015, les Français ont ainsi consommé 40 000 tonnes de miel, alors que seule 16 000 tonnes ont été produites dans l’Hexagone.

Ce phénomène est encore plus criant au niveau mondial, puisque les exportations de miel dans le monde ont augmenté de 61 % entre 2007 et 2013. Le nombre de ruches n’a quant à lui augmenté que de 8 %.

« Ces statistiques montrent une choquante anomalie allant complètement à l’encontre des tendances mondiales de baisse de productivité des ruches », a souligné Norberto Garcia lors d’un congrès de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF).

Pour répondre à cette demande, des producteurs peu scrupuleux se sont donc mis à vendre du miel dilué, coupé à divers sirops, à bon marché, ce qui a donc aussi mis une pression sur les prix.

« Pour les produits les moins chers, il s’agit de sucre liquide de riz ou de maïs ayant l’aspect et la couleur du miel, réalisés avec des méthodes élaborées qui passent le cap des analyses européennes », explique Henri Clément, président de l’UNAF, au Figaro.

Le processus de création du miel artificiel, un mélange de sucre liquide et de pollen, est surtout commun en Chine, d’où proviennent de plus en plus des miels exportés vendus en France. La contribution de l’Espagne, qui exporte depuis longtemps son miel vers le marché français, est encore dans le top 3, mais a perdu de la vitesse.


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Outre la pureté du produit, les fraudeurs jouent souvent avec de fausses indications d’origine pour vendre leur miel. En France, on trouve ainsi un grand volume de miel bulgare vendu sous une étiquette française. La qualité du miel n’est pas nécessairement mauvaise, mais l’étiquette est mensongère et constitue un acte de concurrence déloyale.

Stratégie publique
Pour les acteurs du secteur, il est grand temps que les pouvoirs publics se saisissent de la question, car l’avenir de l’apiculture est en jeu, et avec lui l’avenir de la pollinisation.

« La réponse à la crise apicole passe par une action coordonnée entre l’ensemble des acteurs : apiculteurs, agriculteurs, vétérinaires, industriels, scientifiques, ONG, citoyens et pouvoirs publics », estimait le Réseau biodiversité pour les abeilles à la fin de la Semaine européenne des abeilles et de la pollinisation, à Bruxelles, en juin dernier.

C’est justement l’objectif de la question écrite envoyée à la Commission par les eurodéputés socialistes : forcer la Commission à affecter des moyens à une question qu’elle définit elle-même comme importante.

« Le secteur est en attente d’un plan européen. Tout le monde s’accorde à dire que le secteur est important, pour la biodiversité, les zone d’intérêt écologique, etc., mais il n’y a pas de véritable politique mise en œuvre sur l’apiculture ou les pollinisateurs, donc on voudrait mettre la Commission devant ses responsabilités », conclut Éric Andrieu.


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