Nucléaire et renouvelables : le yin et le yang ? La bonne blague !

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Contrepoints
Par Michel Gay

« En France, où aucune des leçons édifiantes d’outre-Rhin n’a été retenue, les projets envisagent toujours de tripler le parc éolien et photovoltaïque existant. »


Nucléaire et renouvelables : le yin et le yang ? (image : playinafterdark CC BY-SA 2.0)

Le terme « complémentaire » évoque la rationalité et le soutien mutuel fécond. Il est pourtant mal choisi si les énergies renouvelables intermittentes (EnRI) sont chargées de détruire le nucléaire au moyen de règles arbitraires établies sur une ruineuse idéologie « verte ».

Bien que déjà décarbonée à 95%, l’électricité produite en France est parfois présentée comme encore insuffisamment « verte ». La complémentarité est donc une justification commode pour insérer des EnRI (donc hors hydroélectricité) dans un système jusque là robuste reposant principalement sur le nucléaire et qui a démontré depuis longtemps sa performance technique et économique.

Des pays dont le mix électrique repose majoritairement sur des énergies fossiles (charbon et gaz), comme l’Allemagne, peuvent trouver avantage à leur substituer partiellement des sources non carbonées « complémentaires » comme des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques.
Ce n’est pas le cas de la France où il a fallu conditionner l’opinion publique à la réduction du nucléaire en faisant appel à des arguments irrationnels fondés sur l’émotion et la peur.

La cécité française sur les énergies renouvelables en Allemagne
Les Allemands ont présenté le développement massif du solaire et de l’éolien comme un substitut au nucléaire, mais pas au charbon ni au gaz… défendus par leurs syndicats !
Le nucléaire qui représentait 30% de la production d’électricité en Allemagne il y a 10 ans n’en assure plus aujourd’hui qu’environ 15% après l’arrêt imposé de 8 réacteurs en parfait état de marche. Tout devrait être arrêté dans l’allégresse générale, surtout celle des « gaziers », en 2021.

Actuellement, les centrales à combustibles fossiles assurent toujours plus de la moitié de leur production (53%), et leurs émissions polluantes (particules fines, CO2, …) restent à un niveau élevé et… stable depuis 2005. Il faut bien compenser la variabilité, voire l’absence de production des sources éoliennes et solaires.

Réduire encore le nucléaire ne devrait rien arranger. Le développement des énergies renouvelables devra forcément s’adosser à de nouvelles sources classiques (charbon allemand et gaz russe).

A côté d’une production d’EnRI capable de fournir plus que les besoins du pays certains jours, mais aussi de s’évanouir totalement les nuits sans vent, il a fallu maintenir un parc « bis » au charbon et au gaz pouvant honorer à lui seul toute la demande, mais qui ne peut pas être éteint durant les périodes sans vent ni soleil.

Il s’ensuit souvent un excès de l’offre électrique dont l’Allemagne « se débarrasse » à vil prix (voire à prix négatif) chez ses voisins. Les électrons « noirs » et les électrons « verts » se mêlant alors sans vergogne pour alimenter les pays limitrophes.

Ne pouvant pavoiser avec la diminution des émissions de gaz à effet de serre, l’Allemagne a mis en avant de mirifiques créations d’emplois qui se sont évaporés avec le temps qui passe…

En France, où aucune des leçons édifiantes d’outre-Rhin n’a été retenue, les projets envisagent toujours de tripler le parc éolien et photovoltaïque existant. Cette « pénétration forcée » (par la loi…) dans le réseau national contrarie son fonctionnement mais enrichit quelques individus grâce aux généreuses subventions accordées par l’État.

Alors, pourquoi ne pas continuer cette martingale gagnante ? Le nouveau mot magique est « complémentarité ».
Ce terme médiatisé place étrangement le nucléaire (qui pèse pour 75% dans la production d’électricité) et les EnRI (6% de la production) sur un pied d’égalité au prétexte fallacieux qu’il ne faudrait pas mettre tous ses œufs dans le même panier
 
Nucléaire ou renouvelables : qui doit s’adapter à qui ?
Pour rendre possible cette « pseudo-complémentarité », seul le nucléaire est appelé à changer de mode de fonctionnement. Il peut effectivement compenser en partie les fluctuations chaotiques et vaguement prévisibles de la production des EnRI. Mais c’est à son détriment (perte de production et de rentabilité, et vieillissement accéléré).
Cette complémentarité idéologiquement proclamée ignore sciemment ce qui est techniquement possible et financièrement soutenable (vous avez dit développement durable ?…).
Jusqu’à présent, cette « complémentarité » à sens unique est un leurre. Les EnRI n’apportent aucune valeur ajoutée au système électrique. C’est même le contraire.

Toutes les études technico-économiques procèdent de considérations essentiellement politiques censées symboliser la modernité écologique de la France, sans tenir compte des coûts rédhibitoires de l’ensemble du système électrique.

Même les publications des instances dirigeantes en charge de la production (EDF), de la gestion du Réseau du transport d’électricité (RTE), et même le CEA adoptent un profil « politiquement correct » et rassurant. « Tout va très bien Madame la marquise… ». Ne pas mordre la main qui fait et défait les carrières ?

D’autres études moins « politisées » pointent pourtant le danger qui menace.

Objectif : détruire le nucléaire pour effondrer la société de consommation
Explicitement, ou en filigrane, la destruction du nucléaire reste l’objectif principal.
Sinon, dans une logique de complémentarité féconde, pourquoi vouloir fermer des centrales nucléaires ? Ne sont-elles pas déjà capables de répondre à la demande électrique avec les barrages et les centrales à gaz existantes ? Pour passer les pointes de consommation de l’hiver, ne faudrait-il pas en ajouter ?

Quelques centrales nucléaires ou à gaz supplémentaires reviendraient beaucoup moins cher que les EnRI et les systèmes associés (de stockage par batteries par exemple).
En parallèle, des milliards d’euros de subventions sont prélevés annuellement sur tous les consommateurs et les contribuables pour subventionner les EnRI.
Selon l’ingénieur général Pierre Audigier :
"Evoquer la complémentarité pour justifier le développement des EnRI ne peut conduire qu’à de graves malentendus. "

Qui a dit que le nucléaire et les énergies renouvelables intermittentes étaient complémentaires ? Des plaisantins sans doute pour faire une « bonne blague », puisque les EnRI ne répondent à aucun besoin de l’intérêt général en France.

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