Les faces cachées d'une politique climatique

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Jean Pierre Riou

L'évolution redoutée du climat justifierait tous les efforts pour limiter les effets accélérateurs de l'activité humaine. Et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), exprimée en équivalent CO2 est érigée en priorité absolue.
La confusion entre les objectifs et les moyens supposés y parvenir ont permis au développement des énergies renouvelables de relever désormais d'un engagement distinct.
Et même pour la France, dont le parc de production d'électricité n'émet pas de CO2 !
Ou quasiment pas.

Décryptage.
Le cas de la biomasse, ou : comment casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre.
Avec 0,98tonnes de CO2/MWh produit, les énergies telles que biomasse, biogaz ou biodéchets sont considérées les plus émettrices de CO2 par RTE.
Mais leur caractère pilotable leur permettrait du moins de remplacer n'importe quelle énergie fossile, ainsi qu'à Gardanne, en brûlant du bois à la place du charbon.
Pour autant, le bénéfice environnemental ne va pas de soi, ainsi que vient de le rappeler la décision de justice concernant son exploitation, en raison des effets dévastateurs sur les forêts du sud est.

La réduction de CO2 la plus radicale consiste donc à ne plus en comptabiliser les émissions. Impliquant de rendre la démarche visible dans les bilans, par la modification obligée des chiffres de l'année précédente, ainsi que cela apparaît par la comparaison des 2 bilans RTE ci dessous, celui de 2016 et celui de 2017.



(Source Bilans annuels RTE)

Les mêmes bioénergies de 2016 accusant 6,2 millions de tonnes de CO2 l'an dernier, et s'étant refait une vertu entre temps, pour se représenter avec 1,6 million de tonnes dans le bilan de cette année.
Le bilan 2016 indiquant sur une autre page "0,98 t/MWh pour les autres groupes thermiques (biogaz, déchets, bois-énergie et autres combustibles solides)" dont la formulation est remplacée dans celui de 2017 par "0,988 t/MWh pour les UIOM* (seule la part non renouvelable est prise en compte dans les émissions, soit 50% de la production)"

Ainsi finit la prise en compte des émissions de la biomasse et autres biocombustible, laissant supposer une amélioration quelconque, alors que seul le thermomètre aura été cassé.
Car c'est bien 32,5 millions de tonnes et non 27,9 millions que le parc électrique français a émises en 2017, si on veut conserver les critères employés pour les chiffres publiées par RTE les années précédentes, notamment celui de 19 millions en 2014.

Les critères de calculs changent également, mais dans une moindre mesure, pour les énergies fossile, peut être d'ailleurs par souci de transparence pour les faire bénéficier du mode de calcul plus précis employé en 2017 sans fausser les comparaisons de bilans, de même que le graphique du chapitre suivant de RTE reprend l'historique à critères constants.

Les 3 réacteurs secrets de la France
Dans le plus grand secret, le parc électrique français s'est doté de 3 réacteurs nucléaires supplémentaires entre 2011 et 2013.
Ou, plus exactement, à libéré, pour la consommation, les 3 réacteurs du Tricastin qui étaient dédiés aux 3000MW nécessaires à l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif. En effet, avec une consommation 50 fois moindre ( 60 MW), l'usine Georges Besse 2 permet désormais d'affecter leur production aux besoins de la consommation nationale. Ce qui a permis, dans le même temps, la fermeture de la stricte équivalence de leur puissance en centrales à charbon.
Pour autant, ces 3 "réacteurs secrets" n'apparaissent nulle part, pour qui veut suivre l'évolution du système électrique.
Ni dans l'évolution des consommations en chiffres bruts, qui fluctuent avec les températures, ni en termes corrigés, puisque ceux ci excluent la consommation du "périmètre du secteur de l'énergie".
Ni, bien sûr en puissance installée, puisque ces 3 réacteurs étaient déjà construits.
La baisse des émissions ainsi permise apparaît clairement au sein d'une tendance générale plutôt à la hausse.
Baisse que la discrétion sur nos 3 réacteur supplémentaires laisse, à qui le veut bien, le loisir de s'en attribuer le mérite.


(D'après Bilan RTE 2017)

Les effets de l'intermittence, ou : polluer plus en produisant moins
RTE rappelle que la consommation "hors secteur de l'énergie" et corrigée de l'aléa climatique est stable. Celle de 2008 est quasiment identique à celle de 2017.
La puissance conventionnelle pilotable du parc électrique français est tout aussi stable depuis.
Elle était de 113,4 GW en 2008, elle est de 109,5 GW aujourd'hui.
Et les 3,8 GW de moins ont été presque intégralement compensés par l'apport des 3 GW du Tricastin. Car des énergies intermittentes sont incapables de remplacer la moindre puissance pilotable installée. Comme le rappelle le cas de l'Allemagne où 100 000 MW intermittents éolien/solaire, n'ont pas permis la diminution d'un seul MW pilotable depuis 2002.
Et cela pour la raison qu'en cas de pic de consommation, les gestionnaires de réseau ne peuvent compter sur aucune production garantie par la puissance intermittente solaire et quasiment aucune par celle de l'éolien.
C'est pourquoi ces énergies imposent des régimes partiels et à coups de fonctionnement aux centrales charger de prendre le relai quand la nuit ou le vent tombent.
Le cas allemand montre à quel point le doublon intermittent contraint le fonctionnement des centrales pilotables. Or aucun bilan ne montre l'augmentation des facteurs de pollution des centrales concernées par ces contraintes.
Pourtant cette augmentation est parfaitement connue et bien décrite dans de nombreuses études.

Conclusions
RTE rappelle que les émissions de de CO2 du parc électrique français sont en augmentation pour la 3ème année consécutive.
Il faut donc bien comprendre :

1° Que ces émissions ont augmenté bien d'avantage que les chiffres ne le suggèrent en raison des 2 premières raisons évoquées.

2° RTE explique notamment cette augmentation par la moindre disponibilité du parc nucléaire en raison des contrôles de l'autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).
Il confirme ainsi le 3ème point de cet article concernant Georges Besse 2.
A savoir que plus de nucléaire entraîne moins d'émissions.
Ce que confirme également l'analyse de Environmental Progress qui rappelle la corrélation directe entre développement hydraulique et/ou nucléaire et réduction des émissions de CO2, ainsi que l'absence de tout lien de ce type avec le développement éolien et/ou solaire.


Chaque nouveau projet éolien fait pourtant fièrement état de la quantité de CO2 qui sera évitée grâce à lui et laisse entendre que d'avantage d'éoliennes permettront moins d'émissions.
La comparaison des différents mix énergétiques mondiaux n'évoque strictement rien de semblable.

*Unité d'Incinération d'Ordures Ménagères 

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